Corps à corps
L’amour se fait-il, se fabrique-t-il ? Comme un meuble que l’on monte soi-même, en suivant le mode d’emploi ? Quelle horreur si c’est ainsi !
L’amour ne se fait pas, il se vit, se vibre, se partage, s’échange, se sent, se ressent, en dehors de tout mécanisme.
L’amour ne se fait pas, il fait le couple qui s’unit dans un acte sacré, dans le don et le partage. Deux énergies qui s’enroulent dans un ADN cosmique pour donner vie à une entité nouvelle. Deux êtres entiers qui créent un lien.
L’amour ne se fait pas, il permet de se réparer, dans l’acceptation de son corps par l’autre, en dehors des regards et des injonctions.
L’amour ne se fait pas car il est, de toute éternité. L’union de deux corps n’en est qu’une expression. Son empreinte fait loi.
L’amour ne se fait pas, il se constate et s’accueille. Deux êtres entiers dansant autour du feu de l’Amour, les portes de l’intime grandes ouvertes.
Le peau-à-peau comme extension de cette connexion des âmes vibrantes, derrière les regards qui se sont trouvés. Le frisson explose dans ce premier toucher sacré, quand l’un ouvre son espace à l’autre. Une main posée est un premier pont entre ces corps, ces cœurs, ces âmes. Un pont pour une traversée extatique des flots de l’Amour.
Totalement abandonnés l’un à l’autre, l’un contre l’autre, l’un en l’autre, dans les bras de ce flot créateur de vie, chaque caresse est un frisson qui trouve écho dans les ondulations de la toile de l’univers. Chaque baiser fait vibrer plus encore, dans une sensibilité inédite, et déchire les voiles du connu. Chaque attention crée un espace unique et rayonnant.
Explorer un corps, territoire inconnu, le grain de peau, la sensibilité, n’être que don et attention quand l’autre s’offre nu, dans la confiance sereine d’être accueilli. Honorer avec gratitude cet accueil. Tous ses sens en éveil, toucher, sentir, goûter, écouter, admirer, dans une union unique de saveurs.
S’émerveiller à chaque instant de ce cadeau que l’on s’offre, à en pleurer d’extase. Et s’éveiller, s’unir sous les étoiles, dans la lumière divine, celle qui reconnecte les vies, les liens, les flammes, celle qui transforme le regard à jamais.
Entrer dans ce tourbillon de l’infini, dans la communion d’êtres et d’âmes, dans ce flot d’énergies qui circulent d’un corps à l’autre, dans une spirale ascensionnelle. Être matière et lumière mêlées, sans frontière. Inviter le divin dans une trinité nouvelle. De la force de chacun créer une puissance inédite, déchaîner ce qui a été enchaîné.
Laisser parler les corps, ils savent, une fois que les âmes se sont reconnues, guider les gestes, guider l’autre, dans une fluidité ancienne ou une maladresse juvénile. Se recueillir et rire, s’aimer et se donner. Ne plus être totalement soi, dans un abandon total à cet échange intime, dans une jouissance déferlante, explosive, un cantique chanté à tue-tête aux sens.
Et trembler encore longtemps, tout imprégné de l’autre, à la fois seul et deux. Se demander si c’était un rêve et ne pas vouloir se réveiller.
Oser à peine après avoir osé tout.
extrait de « cartes postales d’âme à âmes«